C'est
l'histoire d'un, somnambule extralucide, un fils
de cordonnier, né au XIXème siècle
dans le Paris d'Alexandre Dumas, qui va faire fortune
en exhibant ses talents - contestés - de
« seconde vue » Avec ce premier roman,
Christine Brusson revisite la tradition des grands
feuilletons populaires. Une fresque historique pleine
d'aventures, dans un monde où le merveilleux
n'était pas encore totalement coupé
de la science.
La Gazette de
Montpellier n' 1056 - 17 septembre 2008
« Dans sa chambre, Mina
l'attendait, pâle, les yeux cernés.
La gêne qu'ils éprouvaient après
dix jours d'absence éteignait leur joie,
et comme un arbre gigantesque qui aurait poussé
en travers de leur amour, ou plutôt comme
une forêt dense et profonde où soudain
ils se seraient perdus, elle les laissait inertes
et sans voix, côte à côte, sur
le lit. […] Il la prit tendrement
par la main pour vaincre cette sorte d'enchantement
qui la possédait. Si la vie pouvait simplement
s'arrêter, pensa-t-il en fermant les yeux.
Il voulait sauver le monde à cet instant,
l'immobiliser dans cet état de grâce
ne serait-ce qu'une seconde. Il serra doucement
ses doigts autour des siens pour lui insuffler cette
pensée de la grâce et du monde à
sauver. Mais elle reprit sa main brusquement et
se leva avec colère, sans qu'il sût
pourquoi. Elle s'ébrouait devant lui, mon
Dieu ! comme un chien qui s'extrait d'une eau
sale, et elle quitta la chambre sans un mot. »
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Alexis
en 1844 |
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« Paris,
1837.
Des
fragments.
Une
enceinte.
Des
passages.
Il
savait par coeur les fossés pleins d'eau, les bâtiments
démolis laissant place à d'immenses terrains
vagues couverts par les ronces, les impasses désertes,
petites et noires, les églises d'où s'échappait
des vitraux troués comme de la dentelle la voix effilée
des anges. Les arbres remplis d'oiseaux déchargeaient
une pluie de criailleries si fortes le soir qu'il était
pris d'un vertige lorsqu'il les dépassait. »
Alexis Didier est né
à Paris en 1826. C'est un voyant, ou plutôt
un somnambule extra-lucide comme on dit à cette époque,
c'est-à-dire quelqu'un qui, plongé dans un
sommeil artificiel par son magnétiseur, développe
des pouvoirs inouïs. Il voit à distance, lit
dans des livres fermés, capte des indices à
travers les objets qu'on lui présente. Si les somnambules
sont légion dans ce siècle partagé
entre la nostalgie de l'illuminisme et la foi en une rationalité
scientifique héritée du siècle des
Lumières, il est, lui, le voyant le plus charismatique
de son temps. Précoce : il commence sa carrière
à quatorze ans. Prodigieux : ses pouvoirs sont
stupéfiants, immense sa notoriété qui
dépasse les frontières et le convie chez les
plus grands. Mystérieux : il disparaît
tout à coup de la scène publique, jusqu'à
sa mort en 1886.
L'expérience somnambulique est dangereuse, excitante,
poétique. Nerval, Hugo, Dumas, Gautier et d'autres
qui ont vu oeuvrer le voyant ne s'y sont pas trompés.
Alexis déchaînera les passions.
C'est sa vie qui est racontée ici, dans son exactitude
chronologique, telle que nous l'a restituée l'admirable
travail de Bertrand Méheust, mais aussi dans ce qu'elle
a pu receler de plus secret et qui n'a pas laissé
de trace. Vie rêvée à travers les arcanes
du Tarot qui convoquent le passé, vie réincarnée
par l'écriture romanesque plus que biographie exacte,
cette vie nous captive à travers les questions qu'elle
soulève : quels sont ces mystérieux pouvoirs ?
D'où Alexis les tenait-il ? Que vient-il nous
dire encore aujourd'hui ?
Présentation d'Alexis, la vie magnétique
sur le site de l'Institut International de Métapsychique
(IMI) |