Ces textes sont la transcription d'une série de quatre causeries faites en juillet 2008. Elles étaient accompagnées d'images dont on peut retrouver la plupart sur le diaporama, "Le ballet des ombres" (sur la page Alexis, la vie magnétique "en rapport avec le livre"). ********************************************************** 1) Qui est Mesmer ? : (1) En 1683, Newton avait échafaudé sa théorie des lois de l’attraction universelle (3) qui a une immense répercussion. Le magnétisme représente la propriété d’un corps organisé sensibilisé par l’action des planètes. Il se transmet sous la forme dynamique du fluide. Le doctorat conquis, Mesmer épouse la veuve du conseiller impérial Von Bosch. Elle est très riche. Il habite une très belle maison à Vienne avec un très beau parc, un bassin en marbre, un théâtre de verdure où Mozart crée son premier opéra Bastien et Bastienne. Mesmer est ami avec Mozart, Haydn et Glück. Il mène 6 ans de vie de fêtes et de travaux. La fortune
diminue. Il se décide à pratiquer la médecine. 2) Magnétisme animal et hypnose: 1778 : Mesmer arrive à Paris. Il croit à l’existence
d’un fluide baignant toute chose et à l’influence des
astres sur le corps humain. Ce fluide, on peut le capter, le concentrer
et s’en servir pour agir sur le corps à la manière
des aimants. Sur ce modèle du magnétisme minéral
des aimants, dont on se servait à l’époque pour soigner
certaines maladies, Mesmer invente le concept de magnétisme animal,
par lequel il désigne le pouvoir magnétique que possèdent
les corps d’agir les uns sur les autres. Mesmer ouvre une clinique à Paris qui va très vite connaître un immense succès. Tous les laissés pour compte de la médecine traditionnelle, aussi bien les riches que les pauvres, se ruent chez Mesmer dont ils attendent la guérison à travers des pratiques originales et nouvelles. Mesmer invente une façon de guérir collectivement ses malades en les faisant asseoir autour du baquet. C’est une immense cuve ronde ou ovale remplie d’eau magnétisée, de limaille de fer, de morceaux de verre, de plantes séchées. Les malades sont reliés à cette eau à travers des tiges de fer et une corde qu’ils tiennent dans la main. Ce contact crée chez le malade une crise, se manifestant à travers des spasmes et des convulsions. Quand celle-ci devient trop forte, le malade est emporté dans la chambre des crises, pièce capitonnée, où le malade peut donner libre cours au désordre de ses sens. Pour Mesmer, toute maladie a une même cause : un déséquilibre dans l’harmonie du corps. Ce déséquilibre doit être combattu et la crise est salvatrice dans la mesure où elle met tout en désordre, de façon à ce que le corps de lui-même retrouve son harmonie. En quelque sorte, le malade se soigne lui-même, disons qu’il prend une part active dans le processus de guérison, et c’est la crise qui ouvre la voie de son rétablissement en accélérant le processus naturel de la guérison. 1784 : Deux commissions d’enquête où siègent
des sommités médicales sont chargées par Louis XVI
de faire un rapport sur les méthodes curatives de Mesmer. C’est
à la clinique de Deslon, un disciple de Mesmer (et bientôt
son concurrent), qu’elles enquêtent. Les deux commissions
condamnent le magnétisme animal en niant l’existence de tout
fluide. Mesmer, qui n’a pas obtenu la reconnaissance qu’il désirait, quitte la France, laissant derrière lui tous les disciples qu’il a formés en créant la société de l’Harmonie. L’un de ceux-ci, le marquis de Puységur, va donner une suite étonnante à l’aventure mesmérienne. Le 4 mai 1784, le marquis de Puységur soigne l’un des paysans de son domaine, Victor Race, âgé de 23 ans, alité depuis quatre jours avec une fluxion de poitrine et des crachements de sang. Il lui fait des passes magnétiques et celui-ci s’endort ! Puységur vient de découvrir que la magnétisation peut conduire le malade à un sommeil artificiel qu’il appelle somnambulisme artificiel ou magnétique. Dans cet état, certains somnambules développent des pouvoirs
particuliers : La vogue des magnétiseurs va être immense au dix-neuvième siècle, donnant lieu à une polémique qui durera un siècle et demi, jusqu’à la découverte de la psychanalyse, qui est l’héritière des magnétiseurs, via Charcot et son travail sur les hystériques de la Salpétrière. 1841 : Braid, chirurgien de Manchester reconnaît la réalité des phénomènes magnétiques. Il ne croit pas au fluide et remplace les passes magnétiques par la fixation d’un objet brillant, qui permet d’endormir le patient. Il appelle ce sommeil nerveux « hypnotisme ». Azam, chirurgien bordelais, emploie l’hypnose comme méthode d’anesthésie. La découverte de l’éther fera abandonner ces pratiques. Deux célèbres médecins hypnotiseurs de la région
de Nancy, Liebault (1823-1904) et Bernheim, son élève, créent
l’Ecole de Nancy. 1882 : Charcot (1825-1893), médecin à la Salpétrière, soigne ce qu’il appelle des hystériques (souvent des somnambules) par les aimants. Il remarque qu’il y a un transfert des symptômes grâce aux aimants et qu’il les fait ainsi disparaître. Il réhabilite l’hypnose. 1885-1886 : Freud passe quatre mois dans le service de Charcot. De retour à Vienne, il commence à soigner ses patients par l’hypnose puis l’abandonne, la jugeant difficile à maîtriser et trop dangereuse. 1893 : A la mort de Charcot, on commence à dénigrer la technique hypnotique accusée d’être un traitement dangereux.
2ème dossier images : Alexis et la voyance 1) Rappel de l’histoire du magnétisme animal et du somnambulisme : Reportons-nous en 1778, au moment où Franz Anton Mesmer arrive à Paris. *(1 à 7) qu’est-ce que le magnétisme animal ? *Puységur, disciple de Mesmer (8-9).
Il naît en pleine polémique autour du magnétisme et juste au moment où est inventée la photographie. *Le monde du spectacle, le spectacle dans la rue (13 à 19) * L’invention de la photographie (de 20 à 25) Sabatier qui faisait des daguerréotypes va jouer un rôle important dans l'histoire du magnétisme. Il défend les magnétiseurs. Les deux mondes sont liés. 3) Les pouvoirs d’Alexis et les séances : 4) La fin d’un voyant : *1848: Révolution *1851: Second Empire, Alexis est pousuivi à cause de ses activités de voyant. Après un procès, il est condamné à une amende *1854 : arrivée du spiritisme en France, qui devient à la mode *1856 : Alexis écrit son livre avec Henri Delaage, puis disparaît de la scène publique.
L’histoire d’Alexis Didier s’inscrit dans l’histoire de son temps et l’histoire du magnétisme. Ses dons ont été exploités dans des directions qui dépendent de cette histoire. C’est ce qui fait la singularité de sa voyance. 1) Magnétisme et somnambulisme : (rédigé à partir de l’ouvrage de Bertrand Méheust, Somnambulisme et médiumnité, 2 volumes aux Editions Les Empêcheurs de penser en rond.) Guérisseurs, magnétiseurs, rebouteux des campagnes, phénomènes
connus. On rencontre encore ces phénomènes dans les campagnes. Ce qui est nouveau au XIXème siècle, c’est le couple magnétiseur/somnambule et le succès qu’il rencontre dans l’élite. Le somnambulisme magnétique est à la jonction entre des
pratiques savantes élaborées par Mesmer et ses disciples,
et les pratiques locales et traditionnelles de guérisseurs ruraux. Avec Puységur, au printemps 1784, une interaction analogue s’établit
entre culture savante et la tradition des guérisseurs de campagne. L’idée que certains êtres humains peuvent exercer sur leurs semblables une influence occulte et provoquer chez eux, en projetant leur volonté, des modifications physiologiques et psychiques, ne date pas des années prérévolutionnaires. Elle est beaucoup plus ancienne. Elle remonte, pour ce qui est de l’Europe, à la tradition de la magie naturelle de la Renaissance (Paracelse, Ficin, Van Helmont). Cette plongée dans les archives va mener à une métaphysique de l’imagination créatrice qui s’épanouira dans la métapsychique au début du XXème siècle. L’ésotérisme se répand dans l’aristocratie
et on voit certains initiés s’adonner à des pratiques
magiques. C’est dans ce milieu que le magnétisme va se répandre.
Corrélation entre la diffusion du magnétisme et des loges
franc-maçonnes. Victor, le somnambule du marquis de Puységur incarne une version
rurale du somnambulisme magnétique. Lafontaine, en 1845, raconte qu’une de ses somnambules préconise un remède à base de plantes. Elle voit cette plante dans une serre du jardin des plantes. A ce moment-là, à Paris, il y a une délégation des indiens Ogibwas, qui donnent des démonstrations. Ils discutent au sujet de leurs pratiques en anglais. Le chef des indiens s’étonne que les magnétiseurs français connaissent leurs moyens de guérison. Les indiens assistent à des expériences de magnétisme. Lafontaine leur montre même comment magnétiser.
2) La polémique autour des phénomènes du magnétisme : Le magnétisme et les médecins : Mesmer et les Sociétés royales : deux commissions délégués par louis XVI condamnent le magnétisme animal. Le rejet des phénomènes par les corps savants. En 1842, l’Académie de médecine rejette définitivement le magnétisme. Cela contribue à marginaliser les magnétiseurs, qui pour faire leur publicité, vont mettre l’accent sur les phénomènes les plus dérangeants. Marcillet, le magnétiseur d’Alexis, va jusqu’au bout de cette logique d’affrontement. • Des médecins acquis à la cause du magnétisme
: En Angleterre, le magnétisme comme méthode thérapeutique rencontre un vif succès. C’est un magnétiseur français qui l’a introduit : Dupotet. John Elliottson va devenir une des figures du magnétisme médical anglais. C’est l’homme le plus en vue de la médecine britannique (stéthoscope, technique de l’auscultation médicale), professeur de l’University Collège, université prestigieuse.
Marcillet se situe dans le courant des psychofluidistes. Pour lui, l’état
somnambulique est déclenché chez le patient par une énergie
impalpable dégagée par la volonté de l’opérateur.
Mais sur plusieurs points, il s’est écarté de la doctrine.
Son don s’exerce dans un cadre précis. En état de
transe. Pas de discours spiritualistes, rupture avec le sacré.
Pas de cadre religieux. On essaie plutôt de cadrer avec une rationalité
toute scientifique. 5) Alexis Didier et les artistes de son temps : Alexis va donner deux directions à son activité : Il pratique deux sortes de séance : Dans ces séances, Alexis Didier croise Victor Hugo, Théophile
Gautier (qui, juste après une séance d’Alexis, s’initiera
au haschich), Alphonse Esquiros, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas.
Robert-Houdin, directeur du théâtre des Soirées fantastiques
donne sur scène sa fameuse « seconde vue » en 1845.
Le père Lacordaire s’enthousiasme pour les conséquences
théologiques du magnétisme. Balzac met en scène le
magnétisme dans Ursule Mirouet et Le Cousin Pons.
En 1848, Baudelaire traduit une nouvelle d’Edgar Poe, "Révélation magnétique". Conclusion : La clairvoyance est une pratique héroïque dont la fonction
serait d’ébranler le matérialisme en prouvant l’existence
de l’âme, son immatérialité et son immortalité.
L’âme voyage, elle accomplit des miracles. Si vous voulez creuser la question, il vous faut lire l'ouvrage de Bertrand Méheust, Somnambulisme et médiumnité, Editions des Empêcheurs de penser en rond. |
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