Pourquoi un écrivain si bien né, assez riche pour pouvoir passer sa vie sans travailler, reconnu à la fin de sa vie par le prix Goncourt, aimé des siens, adulé par sa mère, reçu dans les milieux les plus huppés de la capitale, pourquoi Marcel Proust a-t-il passé sa vie malade, et est-il mort à 51 ans, dans un état physique déplorable, seul, dans ce qu’il appelait lui-même un taudis ?/ Quelque chose ne colle pas.
J’ai voulu aborder cette question simple en apparence du rapport de Proust à l’intelligence, relier ces deux incipit : « Chaque jour j’attache moins de prix à l’intelligence» du Contre Sainte-Beuve, au fameux « Longtemps je me suis couché de bonne heure » de la Recherche./ Comme les deux faces d’une même pièce de monnaie, l’un m’apparaissait le revers de l’autre et j’aimais les regarder en même temps. /À première vue, ils n’offraient aucune similitude, semblaient pensés l’un sans l’autre, mais quand on connaissait le dessous des cartes, une sorte d’intuition vous susurrait qu’ils partageaient le même secret.